Les femmes ne représentent que 26,9% des effectifs dans les métiers du numérique, tous métiers confondus. Ce chiffre a été publié en mars 2023 par l’association Femmes @ Numérique.
Un autre chiffre : les métiers dits techniques ne comptent que 16% de femmes dans ses rangs. En effet, les femmes choisissant les métiers du Numérique se tournent principalement vers les postes liés à la transformation. Comment expliquer ces constats et quelles solutions possibles doivent être apportées ? Comment ne plus dresser ces constats dans les années futures ?
Ne pas se priver de 50% de la main d'oeuvre dans les métiers du numérique !
La réussite du numérique, en France ne se fera pas sans la promotion et l’inclusion de profils féminins. Pourtant, le secteur compte 230 000 postes sont à pourvoir d’ici 2025. Se priver de 50% de la main d’œuvre ne permettra pas aux sociétés françaises de réussir pleinement le virage numérique.
De plus, attirer des femmes dans ces activités revêt une dimension particulière afin d’améliorer la conception des futurs produits numériques notamment avec la prise d’importance de l’IA. En effet, une IA développée par une large majorité d’hommes apportera des réponses orientées aux enjeux du monde. Cela a été notamment démontré en 2018 par Amazon qui avait conçu une IA discriminant certains profils.
Une IA développée par des hommes n’apportera pas les mêmes réponses aux enjeux du monde qu’une IA développée de manière conjointe par des hommes et des femmes.
On ne compte plus aujourd’hui les articles faisant état du manque de femmes dans le Numérique. L’enjeu est double. Il s’agit à la fois d’attirer les femmes dans le numérique, mais surtout de les fidéliser dans les postes. On observe en effet que la part des femmes dans le numérique décroit fortement après leurs 30 ans. Alors, comment faire ? Nous proposons plusieurs pistes.
Promouvoir et assurer la visibilité des femmes dans leurs postes du numérique
Mettre en avant les réalisations des femmes, leurs travaux, leurs prises de poste, etc., à travers la communication externe mais également interne est un bon levier pour attirer et fidéliser ses collaboratrices. Cela permet de montrer que des actions sont réalisées pour promouvoir les travaux réalisés par des femmes dans le numérique. De même, participer à des initiatives permettant de faire la promotion de cet engagement est un levier actionnable en termes de communication externe.
Créer un environnement sein et protecteur pour les collaboratrices
Des salaires égaux entre hommes et femmes
Afin d’attirer les femmes dans les métiers du numérique, il est impératif de s’assurer qu’à compétences égales, les salaires perçus soient égaux. Cela est d’autant plus important que de nombreuses plateformes existent autour de la transparence salariale dans les entreprises.
Par exemple, citons Glassdoor l’une des plus connues d’entre elles. Sur Glassdoor, les employés peuvent publier librement les salaires perçus au sein des entreprises. Pour les entreprises, il devient risqué du point de vue de l’image de proposer des salaires différents entre les genres. Le risque est alors réel d’être de créer une mauvaise image marque employeur sur les plateformes numériques.
Les autres leviers : télétravail, congé menstruel...
Mais le salaire n’est plus le seul vecteur permettant aujourd’hui d’attirer des femmes dans le numérique. Les avantages sociaux sont également à prendre en compte. Un employeur qui ne propose pas de télétravail se verra privé d’une part importance de main d’œuvre, féminine comme masculine.
Outre le télétravail, de nombreux autres leviers sont activables comme la prise en compte de la parentalité et particulièrement la maternité. La mise en place d’une crèche d’entreprise ou d’accords avec des crèches permet de fidéliser les femmes dans leurs postes dans le cadre de leur parentalité. De même, la mise en place d’un congé maternité renforcé ou d’une politique plus flexible de télétravail dans le cadre d’une grossesse permet d’attirer et fidéliser des profils féminins.
Par ailleurs, on peut également citer les démarches suivantes :
- la mise en place d’outils pour lutter contre le harcèlement sexuel au sein des entreprises ou, dans le cadre de sociétés de conseil ou de prestation, auprès des clients ;
- le développement du congé menstruel ;
- la mise à disposition de protections hygiéniques
- …
Ces démarches sont autant de solutions permettant aux femmes de se sentir bien au travail et ainsi de rester en poste. Ces enjeux vont bien au delà de ceux des métiers du numérique. Cependant, pour des plus petites structures dans l’économie numérique (startups, …)
Sensibiliser tous les acteurs de la filière du numérique aux biais inconscients
Un ensemble de biais, souvent inconscients, freinent la place des femmes dans les métiers du numérique.
Il est aujourd’hui nécessaire de fournir une formation sur les biais inconscients relatifs au genre aux employés et dirigeants du monde du numérique. Il s’agit ici de minimiser les préjugés dans le processus de recrutement mais également de promotion.
Les biais inconscients sont les préjugés à l’encontre de la place des femmes dans le numérique. Ils sont influencés par de multiples facteurs, comme le fait que lorsqu’un secteur devient d’importance stratégique, il doit être géré par des hommes.
Afin de sensibiliser les acteurs de la filière du numérique aux biais inconscients envers les femmes, plusieurs stratégies peuvent être mises en place, comme :
- des ateliers de sensibilisation auprès de la Direction ;
- la collecte de données permettant de réaliser l’existence -ou non- de biais lors des promotions ou des augmentations de salaire ;
- la mise en place d’une sensibilisation continue
- des politiques d’inclusion
- l’évaluation et l’ajustement constants des efforts de sensibilisation
- …
Favoriser le mentorat et le réseautage
Réseaux et associations basés sur l'entraide entre femmes
La mise en place de programmes de mentorat permettant de connecter les femmes débutantes, ou souhaitant se lancer dans l’aventure du numérique, avec des mentor(e)s expérimentées, permet aux jeunes professionnelles de mieux se projeter dans leur carrière. En effet, en se faisant conseiller, elles peuvent plus facilement identifier les entraves pouvant apparaître au cours de leur carrière.
De nombreux réseaux ont fait leur apparition ces dernières années. Le plus connu, Femmes@numérique, a été créé en juin 2018. Son ambition est de rétablir une représentation homogène des femmes et des hommes dans le numérique.
On peut également citer Cyberelles, business club créé en 2001, dont la mission est de devenir un réseau d’entraide et de solidarité au féminin, ou Digital Ladies & Allies, association ayant pour objectif de favoriser la promotion de la diversité dans le milieu du digital.
D’autres initiatives ont également vu le jour, telles que Girlz In Web, Duchesse France, ou encore des initiatives régionales comme Femmes du Digital Ouest, en Pays de la Loire.
Les réseaux féminins dans les entreprises
Chez iQo, nous avons fait le choix de soutenir
- l’association Action’Elles, réseau féminin pour favoriser l’entrepreneuriat des femmes, dont celui dans l’économie numérique ;
- l’association Femmes en Mouvement, réseau féminin dans les métiers de la mobilité et des transports (dans lesquels les métiers du numériques et de la data sont en première ligne)
De même, au sein des entreprises, des réseaux internes voient le jour. L’objectif de ces réseaux est de fidéliser les collaboratrices en les faisant dialoguer avec des role models féminins au sein de l’entreprise. Nous pouvons citer :
- Women@Arkema ;
- Incredible Women d’Assystem ;
- Women@Essilor ;
- Alter Egales (Caisse des Dépôts) ;
- SNCF Mixité ;
- Equals (Accenture) ;
- SoTogether (Sodexo) ;
- Elles & You (EY) ;
- Mazars&Elles.
Ces réseaux vont souvent plus loin que le simple monde du numérique. Ils démontrent une volonté de mieux inclure les femmes dans tous les métiers et grades.
Encourager la participation des femmes aux métiers de la tech
Parmi les pionniers de la programmation, on compte de nombreuses femmes. Dans les années 1980, 40% des diplômes informatiques étaient délivrés à des femmes en Europe et aux Etats-Unis, contre seulement 25% aujourd’hui.
Cette baisse s’explique principalement par la montée en puissance de l’informatique depuis les années 90, devenant un enjeu stratégique pour les entreprises et les Etats. Les secteurs qui connaissent cette évolution ont tendance à se masculiniser.
Aujourd’hui, seulement 18% des DSI du CAC 40 sont des femmes. L’informatique, in fine le numérique, a gagné au fil des années en prestige. Toutefois, cela s’est conclu par un engouement massif des hommes, au détriment des femmes.
Afin d’aligner les courbes, le numérique doit aujourd’hui apprendre à ré-intégrer les femmes, de bas en haut de la pyramide des postes. Pour cela, le monde du numérique doit recréer un environnement inclusif, où les femmes peuvent se sentir valorisées et respectées.
Faire la promotion du numérique dès le plus jeune âge tant auprès des filles que des garçons
Par la promotion de l’éducation aux métiers du numérique dès le plus jeune âge, les femmes ainsi que les hommes de demain seront mieux acculturés aux enjeux des métiers du numérique. Ils seront ainsi moins réfractaires à rejoindre des postes au sein des DSI, ou à y promouvoir des femmes. Pour cela, des ateliers et programmes éducatifs peuvent être lancés, dès l’école primaire. L’idée est de sensibiliser les actifs de demain le plus tôt possible Les entreprises du numérique ont ici un rôle à jouer en se rendant dans les écoles pour présenter leurs métiers, en les rendant accessibles et compréhensibles.
De même, la promotion du numérique dès le plus jeune âge doit se faire avec la mise en avant de modèles de réussite féminins. Aussi, les programmes historiques pourraient-ils inclure les pionnières du Numérique :
- Ada Lovelace, créatrice du premier programme informatique en 1843 ;
- Hedy Lamarr, qui déposa en 1941 un brevet pour la sécurisation des télécommunications ;
- Kay McNulty, Berry Jenning, Berry Snyder, Marlyn Meltzer, Fran Bilas et Ruth Lichterman, les « ENIAC six », programmeuses de l’ENIAC, l’un des premiers ordinateurs de l’histoire ;
- Grace Hopper, créatrice du premier compilateur en 1952 ;
- Mary Keller, première femme à soutenir une thèse en informatique en 1965 ;
- Margaret Hamilton, créatrice du software engineering et du système embarqué du programme spatial de la mission Apollo 11 en 1969.
Étendre les actions en fonction des enjeux locaux
Les leviers présentés ci-dessus ne sont pas exhaustifs, de nombreux autres existent. Après le temps des constats est venu celui de l’action, afin que les entreprises attirent plus de femmes dans le numérique.
Toutefois, le fossé est grand, et les effets ne pourront réellement se faire ressentir qu’à moyen terme. En effet, les mentalités sont longues à évoluer. Afin de répondre au triple enjeu économique, social et sociétal que représente le numérique de demain, il est impératif de recruter des femmes dans le monde du numérique.
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