Hybridation des compétences : c’est quoi être un “hybrid maker” ?

L’hybridation des compétences est un de nos marqueurs forts chez iQo. Derrière cette expression (qui pourra paraître à la mode pour certains), c’est la réalité des compétences et des profils hybrides des collaborateurs. Dans les métiers du conseil, l’ouverture et la curiosité mais aussi la rigueur sont des soft skills recherchées. Aujourd’hui, chez iQo, nous réinventons le monde du conseil en faisant de nos consultants des hybrid makers.

Face à la complexité d’un monde en mouvement permanent et les transformations vécues par les entreprises, l’hybridation des compétences s’impose de plus en plus comme la nouvelle norme en entreprise pour lui permettre de mieux s’adapter.

Focus sur une notion montante à travers l’exemple de trois métiers types : 

  • directeur de l’innovation
  • directeur des ressources humaines (DRH)
  • directeur des systèmes d’information (DSI)

Une définition de hybrid maker

La norme actuelle de l’activité professionnelle unique est une idée récente et déjà caduque ! L’être humain est un touche-à-tout.

Entre expertise et ouverture sur de nouveaux savoirs, nombre d’organisations désirent aujourd’hui casser le fonctionnement en silos au profit d’une mutualisation des intelligences (intelligence collective) guidée par le triptyque 

  • people (compétences humaines)
  • data et IA (capacité à lire, analyser et utiliser de la donnée)
  • design (capacité à innover)

Une philosophie qui répond aussi à la quête de sens et d’épanouissement au travail. « La norme actuelle de l’activité professionnelle unique est une idée récente et déjà caduque ! L’être humain est un touche-à-tout. C’est un mode de fonctionnement naturel que nous avons oublié », souligne ainsi l’anthropologue Audrey Chapot, autrice d’un Éloge des métiers hybrides (2021), auprès du site FocusRH

Signe des temps, cette ouverture s’intègre de plus en plus aux programmes des écoles de commerce françaises. Dans son plan stratégique « Impact future generations 2025 », l’EDHEC en a fait un axe clé : « Dans une société où les métiers à venir restent à imaginer, l’hybridation des savoirs et l’envie d’impact seront des atouts majeurs pour former des managers complets et désireux de résoudre les grands problèmes sociétaux. » 

À cette tendance forte s’ajoute la montée en puissance dans le milieu de l’entreprise de la culture « maker », née dans les fablabs et les hackerspaces (tiers-lieux propices aux projets collaboratifs le plus souvent orientés ingénierie, robotique ou encore impression 3D). Pour les «  hybrid makers » du monde de demain, il s’agit plus que jamais de mettre les mains dans le cambouis, d’implémenter des solutions et des recommandations concrètes. Directeurs de l’innovation, des ressources humaines (DRH) et des systèmes d’information (DSI) : focus sur trois métiers types illustrant cette notion d’hybrid maker.

L'hybridation des compétences... pour un DIRECTEUR DE L'INNOVATION

Ces dernières années, la notion même d’innovation a changé pour devenir beaucoup plus souple et ouverte, transformant l’exercice de cette profession. « Avant, on était plutôt dans des sujets de R&D, orientés par l’avancée technologique et scientifique, retrace Ariel Ohayon, Directeur de l’innovation chez iQo. Le patron de la R&D pensait souvent avoir fait une percée d’un kilomètre en termes d’innovation, mais qui n’était perçue que comme une avancée d’un centimètre par le client ». 

Le rapport s’est inversé et l’innovation part désormais du client ou de l’utilisateur : «  Le directeur de l’innovation doit se mettre en empathie avec le client pour comprendre ses besoins. Ainsi il sera capable de trouver une innovation d’un centimètre qui sera perçue par ce dernier comme un kilomètre ! »

Or, comprendre l’utilisateur requiert un regard à 360 degrés, ou « holistique », et une nécessaire hybridation des compétences. Pour Ariel Ohayon, celle-ci « permet d’enrichir le savoir et la réflexion pour résoudre un problème. Il me faut à la fois de la data, de la compréhension d’un marché, des technologies ou encore de la psychologie du consommateur  ». 

Tout ce qu’il va faire, il va le faire en perspective de l’exécution.

Ces dernières années, la notion même d’innovation a changé pour devenir beaucoup plus souple et ouverte, transformant l’exercice de cette profession. « Avant, on était plutôt dans des sujets de R&D, orientés par l’avancée technologique et scientifique, retrace Ariel Ohayon, Directeur de l’innovation chez iQo. Le patron de la R&D pensait souvent avoir fait une percée d’un kilomètre en termes d’innovation, mais qui n’était perçue que comme une avancée d’un centimètre par le client ». 

Le rapport s’est inversé et l’innovation part désormais du client ou de l’utilisateur : «  Le directeur de l’innovation doit se mettre en empathie avec le client pour comprendre ses besoins. Ainsi il sera capable de trouver une innovation d’un centimètre qui sera perçue par ce dernier comme un kilomètre ! »

L'hybridation des compétences... pour un DIRECTEUR DES SYSTÈMES D'INFORMATION

Alors que les compétences IT se répandent dans l’entreprise, « le DSI n’a plus l’apanage de l’expertise technique  », constate Bertrand Mingaud, associé chez iQo. Aujourd’hui son rôle consiste avant tout à s’assurer que l’on fait «  les bons choix à la bonne vitesse pour trouver l’équilibre entre innovation et durabilité  ». Au-delà de l’innovation, on lui demande aussi de « garantir que ce qu’on est en train de brancher aujourd’hui marchera encore dans dix ans. Dans cette optique de durabilité, pour le DSI aujourd’hui, investir massivement dans le métavers est une prise de risque inconsidérée. Il doit toutefois en parallèle expérimenter pour être prêt à réagir très rapidement… »

La complexité croissante des enjeux d’innovation IT implique en parallèle d’hybrider ses compétences en « intégrant de nouvelles dimensions », qu’il s’agisse du développement web (DevOps, soit le fait de fusionner le développement du code et les opérations réalisées par les administrateurs système), des enjeux de cybersécurité à intégrer dès le départ dans les opérations (DevSecOps) ou encore des enjeux contractuels et économiques (FinOps).

La complexité croissante des enjeux d’innovation IT implique en parallèle d’hybrider ses compétences.

« L’hybridation renforce le rôle clé de gouvernance du DSI  », remarque Bertrand Mingaud en précisant que celui-ci a davantage vocation à piloter les makers qu’à être un maker lui-même.

De plus en plus, le métier inclut également une dimension design, avec une attention portée notamment aux interfaces homme-machine (les tableaux de bord ou les interfaces permettant de communiquer avec une machine). Il s’agit de créer «  un produit qui soit conçu pour son utilisateur » pour qu’il soit le plus intuitif et le plus ergonomique possible. Une démarche qui ne fait pas non plus l’impasse sur la philosophie « Impact Positif », qui consiste ici aussi bien à mettre en place des techniques visant à réduire l’impact environnemental (GreenIT) que d’assurer un usage éthique des données des utilisateurs.

L'hybridation des compétences... pour une DRH

La crise sanitaire aura marqué un avant et un après pour les ressources humaines. Pour Claire Thouvenin, fondatrice de Go Blossom (une entreprise d’externalisation des RH), leur rôle a été transformé pendant cette période lorsque les services RH se sont mis à lancer des initiatives inédites ou encore peu répandues, du e-learning à la gestion des équipes à distance.

Plus que jamais empreints de la culture maker à travers l’implémentation d’initiatives concrètes de ce type, les DRH sont aussi de plus en plus portés sur la data. Qu’il s’agisse de recrutement aidé par des algorithmes d’intelligence artificielle pour repérer des profils compatibles, d’outils de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences, de suivi du taux d’absentéisme ou encore de la paie, les compétences liées à la donnée deviennent incontournables dans ce métier.

Entité du groupe de courtage Colonna, xCo Analytics propose ainsi une offre de data science pour « identifier de façon toujours plus fine [les] leviers de performance inexploités » des entreprise, touchant à l’absentéisme et à l’engagement des collaborateurs ou encore à la transformation de l’environnement de travail. 

De fait, les aspects QVT (qualité de vie au travail) prennent de plus en plus de place dans la fonction RH qui peut désormais compter sur des start-up dédiées. Parmi elles, Supermood, une plateforme qui propose des micro-sondages réguliers et ludiques pour sonder l’épanouissement et l’engagement des collaborateurs au travail, et permettre aux RH de prendre des mesures éclairées.

Enfin, charge aux DRH de prendre en compte l’hybridation des compétences sur le marché du travail. C’est déjà le cas aujourd’hui avec la prise en compte croissante des soft skills, alors que 62% des recruteurs sont prêts à recruter un candidat principalement sur ses compétences comportementales (selon un sondage réalisé par Cadremploi et Michael Page en 2019). Pour Claire Thouvenin, il revient ainsi aux ressources humaines de s’adapter à cette nouvelle donne en « ouvrant le champ des possibles ». 

62% des recruteurs sont prêts à recruter un candidat principalement sur ses compétences comportementales

Vers une hybridation totale des compétences ?

Demain, ces trois métiers pourraient même s’hybrider entre eux. « Jamais un directeur des ressources humaines n’a autant dû intégrer dans son approche du métier des enjeux de système d’information et d’outils numériques innovants, comme si, progressivement, la direction des ressources humaines, la direction des systèmes d’information, la direction de l’innovation et la direction du numérique, s’entrecroisaient, s’hybridaient, obligeant chacune à une véritable métamorphose », estime en effet Gabrielle Halpern, autrice de Tous centaures ! Éloge de l’hybridation (éd. Le Pommier, 2020), dans une interview aux éditions Législatives. La révolution « hybrid maker » ne ferait donc que commencer ?

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